Après une incursion dans l’univers de la mélodie française, Philippe Jaroussky revient à l’opéra baroque avec ce disque consacré au trop méconnu Jean Chrétien Bach, surnommé en son temps le « Bach de Londres » et admiré sans réserve par Mozart.
Star de la scène baroque internationale, Philippe Jaroussky aime réhabiliter des figures injustement négligées de l’histoire musicale. Ainsi, dans son dernier récital d’opéra pour Virgin Classics, le jeune contre-ténor français a-t-il ravivé avec superbe la mémoire de Carestini, illustre castrat du XVIIIe siècle dont le rayonnement avait été quelque peu éclipsé par ses rivaux Farinelli et Senesino. Carestini : The story of a Castrato a subjugué la presse internationale et est disque d’or. Avec ce nouveau disque, Philippe Jaroussky fait revivre les partitions aujourd’hui méconnues d’un compositeur qui fut en son temps une célébrité européenne : Johann Christian Bach (1735-1782).
Onzième et dernier fils de Johann Sebastian Bach, Johann Christian Bach a connu les fastes d’une carrière dédiée en grande partie à la composition d’opéras dans le style italien. Répondant à l’appel du King’s Theater de Londres en 1762, il devint rapidement le « Maître de musique » de la reine d’Angleterre et le compositeur le plus en vue de la capitale britannique. Il y passa les vingt dernières années de sa vie – ce qui lui valut d’être surnommé le « Bach de Londres » - et y rencontra le jeune Mozart qui fut durablement marqué par son influence et lui conserva une amitié pleine d’admiration.
Pour le présent récital, Philippe Jaroussky a sélectionné des arias extraites de six opéras composés pour Milan, Mannheim et Londres. Et ce, afin de remettre à l’honneur un compositeur pour lequel il professe une grande admiration : « Sa musique est très intelligemment écrite. Elle fait la part belle aux instruments à vent, un dialogue riche avec l'orchestre, elle maîtrise complètement la science de l'ornementation. Quant à la tessiture, les partitions de Jean-Chrétien Bach étaient un vrai challenge : du la grave au la aigu, elles embrassent souvent deux octaves. Il fallait lui redonner sa chance face à Mozart, dont il était un grand fan ! ».
Nul doute que Philippe Jaroussky a atteint son but avec éclat ; le disque est déjà couronné d’un Choc de Classica, d’un Diamant d’Opéra Magazine et d’un Diapason d’or: « Est-il besoin de vanter encore le talent de Philippe Jaroussky, sa technique à toute épreuve, qui lui permet de se jouer des vocalises les plus folles, mais aussi, grâce à un legato soigneusement étudié, de caresser sans effort des courbes mélodiques se développant à l’envi ? Sa voix longue et homogène séduit immédiatement. Un peu de mystère, beaucoup de douceur, de nuances et de suavité, la magie du chant fait le reste. Toutes ces qualités, on les retrouve intactes dans ce récital dont le chanteur partage la vedette avec Jean-Chrétien Bach. (…) Et la musique ? Une merveille, et je pèse mes mots ! » Michel Parouty / Diapason
Guidé par une curiosité musicologique insatiable, Philippe Jaroussky s’est rendu dans les bibliothèques afin de retrouver ces partitions tombées dans l’oubli : « J'aime faire ces recherches par moi-même. Toucher les manuscrits autographes, avoir ce rapport physique avec l'oeuvre que l'on manipule avec soin, un contact direct avec l'époque. Ce côté chasse au trésor me plaît.”
Parmi les trésors de La Dolce Fiamma figure un opéra dont le titre est familier aux mélomanes : Orfeo ed Euridice. Mais l’aria ici enregistrée a été écrite par Bach afin d’être intégrée au premier acte du chef-d’œuvre de Gluck.
Pour cet enregistrement, Philippe Jaroussky a des partenaires d’exception : Jérémie Rhorer et Le Cercle de l’Harmonie servent à merveille la richesse de cette musique.